Souvenirs d'enfance...
Souvenirs d'enfance.. mais pas de mon enfance à moi.. C'est encore ma Maman l'invitée du jour sur mon blog.. ma Maman et sa jolie plume... Allez, je vous laisse savourer (et laissez-lui un petit mot, je suis sûre qu'elle en sera ravie..).
"Finalement, c’est bien agréable de participer au « blogdecath »….et voilà que je joue « l’incrust’ » !!!
Pour tout vous dire, j’ai eu envie de faire un zoom arrière sur la journée du 22 Mai 2006. Et oui ! Souvenez-vous !! C’est le jour où j’ai eu la grande joie de recevoir le « pot aux souvenirs »….Quelle émotion de découvrir ce magnifique cadeau, si original, qui allait me permettre d’aligner jour après jour mes souvenirs….
Depuis, le joli petit carnet décoré s’est bien rempli et bien que j’avais dit que ce que j’écrirais ne serait lu que bien plus tard, j’ai pensé vous faire partager un de ces souvenirs. Je crois que ça fera plaisir à Cath et à Jissébé qui ne manque jamais de venir sur ce blog régulièrement.
Comment je « fonctionne » avec ce matériel à souvenirs ? Je tire une question du pot. Je l’écris en rouge dans le petit carnet. Je me garde bien d’y répondre immédiatement. Je laisse à ma mémoire le temps nécessaire pour rassembler les souvenirs souvent bien enfouis. Quelquefois, il faut une journée, parfois davantage. Quand les souvenirs sont revenus bien vifs, j’écris ce que j’ai à dire en bleu à la suite de la question.
Voilà donc ce que j’ai écrit après une question sur un lieu que j’aimais particulièrement quand j’étais petite..."
On l’appelait « le pré de la commune ». On ne savait pas vraiment ce que celà voulait dire. Ce n’est que bien plus tard que j’ai compris que cette prairie,entourée de murs de pierres, appartient tout simplement à la commune. On y accède par des escaliers à partir de la place de l’église qui est le point le plus haut.. Elle descend en pente assez rapide jusqu’aux premières maisons du bas du village. Elle est curieusement enclavée en plein centre du village : aucune route carrossable n’y donne accès . C’est un sentier qui, vers le bas, permet de pénétrer sur le « pré de la commune ».Autrefois, les enfants qui allaient à l’école « en haut » et habitaient « en bas », les ménagères qui allaient chercher le pain « en haut », les paroissiens qui se rendaient à la messe dominicale…tous traversaient le « pré de la commune » , raccourci commode entre le haut et le bas . Ainsi, un étroit sentier brun s’était formé entre les deux entrées du pré, et ce petit sentier suivait une trajectoire un peu sinueuse : il faut dire que ça grimpait sec entre le bas et le haut !
Enfant, j’habitais « en haut », sur la place de l’église justement , et le « pré de la commune » faisait partie de ma vie : c’était notre terrain de jeux, à nous tous, les enfants du village ; et pour moi, en plus, c’était un jardin. Un mur de soutènement très haut séparait le pré de la place. C’est au pied de ce mur exposé plein Sud que je cueillais les premières violettes, quelquefois en Février, quand il était clément. Ma mère adorait les fleurs. A cette époque-là nous n’allions pas acheter des bouquets chez le fleuriste. D’ailleurs, il n’y avait pas de fleuriste à plusieurs kilomètres à la ronde. Alors, pour faire plaisir à ma mère, j’étais toujours à l’affût, dans le pré, des premières violettes, des premiers coucous, des premières marguerites…Ces somptueux bouquets de fleurs des champs que j’ai ramassés au Printemps dans l’herbe haute du « pré de la commune » !
Une ou deux fois dans l’hiver, le « pré de la commune » se recouvrait d’une épaisse couche de neige. Plus rien n’était comme d’habitude. Une agitation fébrile s’emparait de nous tous, les enfants…Nous allions pouvoir aller faire de la luge dans le « pré de la commune » ! Plus de jeux dans le pré : les parties de boules de neige, la fabrication du bonhomme traditionnel…tout cela se passait sur la place et dans la cour de l’école. Le pré devait rester intact jusqu’au jour J, le premier jeudi en principe qui suivait la chute de neige…Le grand jour arrivait…Nous n’avions pas d’anoraks ni de bottes fourrées….Seulement nos manteaux de drap, nos pantalons de golf, les chaussettes, l’écharpe et les gants de laine tricotés par nos mères, et les « galoches » que nous portions tous à la fin de la guerre. Mais nous n’avions pas de luges non plus !!! Seulement deux privilégiés au village avaient une luge. Des pères bricoleurs avaient fabriqué eux-mêmes ces luges en bois, lourdes et peu maniables . Toute l’astuce consistait à réussir à obtenir une place pour une descente sur l’une des luges !Que de tractations, de trocs, de promesses, pour avoir le droit de dévaler le « pré de la commune » à toute vitesse et de se retrouver généralement projeté dans la neige à l’arrivée !!En attendant notre tour, nous nous amusions à « faire nos portaits »: bras en croix, nous nous laissions tomber sur le tapis blanc afin d’imprimer la marque de notre corps dans la neige …Nous rentrions à la maison fourbus, gelés, trempés jusqu’aux os…et nous avions droit à une véritable séance de « bouchonnage » !
Chaque fois que je retourne au village, deux ou trois fois l’an, je vais au bout de la place de l’église pour regarder le « pré de la commune ». Il est toujours là, inchangé mais si petit, lui qui me paraissait si vaste dans mon enfance ! Les enfants l’ont déserté et le petit sentier brun a disparu sous les herbes