Balade à Montmartre
Le nom de Montmartre a pour origine le Mont des Martyrs, en référence à Saint Denis, premier évèque de Paris décapité sur la colline et qui s'en fut avec sa tête sous le bras durant 6 kilomètres avant de s'écrouler à l'endroit où il est actuellement enterré, au sous-sol de la Basilique Saint Denis, construite pour abriter son tombeau.
Depuis toujours, la colline, qui est le point culminant de Paris (environ 130 mètres) a été un lieu de culte (gaulois, gallo-romain, chrétien). Le projet de construction de la Basilique, dédiée au Sacré-Coeur, trouve ses origines dans le discours du 4 septembre 1870, attribuant la défaite de la France dans la guerre Franco-Prussienne à une punition divine, après un siècle de déchéance morale depuis la révolution de 1789. Suite à ce discours, deux notables parisiens entamèrent les démarches qui devaient aboutir à la réalisation de la Basilique du Sacré-Coeur de Jésus, plusieurs décennies plus tard.
En 1873, il fut décidé que le choix de l'architecte se ferait par concours. Le cahier des charges fait état d'un budget de 7 millions de francs maximum en comptant la crypte, une statue monumentale du Sacré Coeur très visible et placée à l'extérieur. C'est l'architecte Paul Abadie qui remporta le concours. La première pierre est posée le 16 juin 1875. L'intérieur de la nef est inauguré en 1891 (après le décès de l'architecte, survenu en 1884). Le campanile ne sera terminé qu'en 1912 et la Basilique est achevée en 1914 puis consacrée en 1919.
A vot' bon coeur M'sieurs-Dames !
La pierre blanche utilisée pour la construction provient des carrières de Château Landon. Elle a été retenue pour sa dureté et sa qualité d'auto-nettoiement au contact de l'eau.
Sur le mur de l'esplanade se trouve le blason de la ville de Paris qui symbolise la corporation des Nautes, marchands de l'eau gérant la municipalité au Moyen-Âge.
La devise officielle de Paris depuis 1853 est : fluctuat nec mergitur (il est battu par les flots mais ne sombre pas).
"Le soleil apparut soudain à Rochechouart et je découvris Montmartre. Maintenant, je savais où je m'installerais si jamais je venais vivre à Paris. Manèges pour enfants, marché merveilleux, baraques où l'on débitait des casse-croûtes, boutiques de marchands de vin, café au pied de la merveilleuse basilique blanche du Sacré-Coeur."
Jack Kerouac, 1957
La Maison Rose se situe au 2, rue de l'Abreuvoir. Cette rue servait à l'approvisionnement en eau de la population et à l'acheminement des chevaux et des bestiaux vers l'abattoir.
Cette maison aux murs peints en rose a été rendue célèbre par le peintre Maurice Utrillo (originaire de Montmartre) qui en a fait un tableau, La petite maison rose, actuellement propriété du San Francisco Museum of Modern Art.
Cet établissement s'est d'abord appelé le Cabaret des Assassins en 1869, en raison des affiches accrochées aux murs, représentant des assassins célèbres. A l'époque, le bas de Montmartre est une zone consacrée aux plaisirs et abrite de nombreux cabarets (le chat noir, le Moulin Rouge), une population hétéroclite et parfois dangereuse.
Le haut de Montmartre en revanche ressemble à un village réputé pour son air pur, ses moulins et ses logements à bas prix qui attirent les artistes.
"Dans ce village se côtoient sans se mélanger des individus de conditions sociales diverses, les petits-bourgeois en bras de chemise de la rue Lamarck, les retraités qui bêchent leurs petits pois rue de la Bonne et les marlous imberbes dans les petits bars de la rue des Abesses. Seuls les artistes étaient partout chez eux, prenant le chocolat avec les pèlerins, l'apéritif avec les arsouilles et déjeunant au bistrot avec les peintres en bâtiment."
Extrait du Château des Brouillards (1932)
En 1880, le caricaturiste André Gill dessine pour l'enseigne de l'établissement un lapin sortant d'un chapeau en portant une bouteille de vin rouge. C'est ainsi que naquit "le lapin à Gill", vite transformé en "Lapin agile". Racheté en 1913 par Aristide Bruant qui en était un client fidèle, il est laissé en gérance à son ancien propriétaire Frédéric Gérard qui en fit une véritable institution culturelle. Celui-ci n'hésitait pas à offrir des repas et des boissons aux artistes désargentés en échange d'une chanson, d'un tableau ou d'un poème. Max Jacobs l'avait surnommé "le tavernier du quai des brumes". En 1929, Pierre Mac Orlan écrivait : "on tire moins de coups de revolver dans le plus beau film américain qu'il n'en fut tiré au Lapin". En effet, au cours de son histoire, la clientèle cosmopolite venait régler ses comptes à coups de rasoir ou de revolvers.... De nos jours, le cabaret est toujours en activité de 21 heures à 1 heure du matin, sauf le lundi... comme l'indique le panneau !
Pour la première fois, le 24 décembre 1898, une voiture à pétrole pilotée par Louis Renault, son constructeur, atteignit la Place du Tertre, marquant ainsi le début de l'industrie automobile française.
Par conséquent se posa le problème de la vitesse des automobiles. Déjà à l'époque, il fallut inciter les automobilistes à la prudence... "Attention aux petits Poulbots !" (gamins des rues de Montmartre ainsi nommés en référence au dessinateur Francisque Poulbot qui les représentait sur ses toiles).
Tiens, ça me dit quelque chose....
La Mère Catherine est un célèbre restaurant de la Place du Tertre. A l'entrée, une plaque indique qu'un jour de 1814 des cosaques demandèrent à boire en criant bistro bistro ! (vite vite !). Depuis, ce mot est resté dans notre langage.
Danton et ses disciples se réunissaient dans ce "bistro" ; en témoignent ces mots écrits de sa main sur le mur : "buvons et mangeons car demain nous mourrons".
Environ 300 peintres, portraitistes, caricaturistes et silhouettistes peuvent, en échange d'une redevance annuelle, exercer leur art Place du Tertre, un jour sur deux, sur une surface d'un mètre carré. La place correspond au centre de l'ancien village de Montmartre. Elle a été investie par les artistes peintres à la fin des années 40. Pissaro, Toulouse-Lautrec, Van Gogh, Modigliani, Picasso et beaucoup d'autres y ont développé des courants artistiques comme l'impressionisme, le cubisme, le fauvisme ou le surréalisme. C'est un grand atelier à ciel ouvert où les oeuvres originales sont réalisées en direct.
La visite est terminée... Redescendons les 222 marches d'escaliers...
...pour prendre le métro