Chez les Bidayuhs
Aujourd'hui, nous allons nous promener sur l'île de Bornéo, dans l'état du Sarawak, à la découverte du peuple Bidayuh, second groupe ethnique Dayak après les Ibans. Bidayuh signifie dans leur dialecte "habitant de la terre". Ce groupe indigène vit dans l'Etat du Sarawak pour la Malaisie et dans le Kalimantan côté Indonésie. Ils sont surnommés les "coupeurs de têtes" car dans le passé ils décapitaient leurs ennemis (il reste d'ailleurs des crânes pendus dans certains de leurs villages !). Aujourd'hui, ils sont à 80% chrétiens et 12% animistes. Plusieurs des 140 dialectes différents de l'île de Bornéo sont parlés par cette ethnie.
Nous avons séjourné durant deux jours dans une "long house", qui peut accueillir une vingtaine de personnes. Nous avons été chanceux car nous étions les seuls occupants durant notre immersion dans la culture bidayuh. Bien entendu, le confort de cette habitation a été revu à la hausse pour accueillir les visiteurs.
La décoration de la maison, élaborée à partir de matériaux locaux, est très réussie, d'autant plus que ce n'est pas la priorité pour les habitants de cette région.
Préparons-nous pour la journée de balade
Un vrai article "people" !! Vous me voyez même au saut du lit... ou presque ! Les paparazzi rodaient....
Pour visiter quelques villages aux alentours de chez Saloma, nous allons nous promener dans les montagnes de Padawan. Les villages sont noyés au milieu d'une végétation luxuriante
La plupart des maisons sont construites en bois
Cependant, sur les plus récentes, on voit l'apparition de parpaings utilisés par les habitants les plus fortunés.
Leurs toits, à l'origine en bois, sont désormais en tôle.
Ce matin, nous allons découvrir les "long houses", dont la traduction françaises est "maisons longues", terme tout à fait justifié par la taille de ces habitations rallongées au fil des naissances. Elles abritent plusieurs familles (plus d'une trentaine pour certaines) et sont construites sur pilotis.
A l'extérieur, elles sont bordées d'une terrasse toute en longueur, commune aux différentes familles.
L'accès se fait par différentes portes qui correspondent aux "appartements" de chaque famille.
Un "appartement" comprend trois pièces : une chambre/salle à manger commune aux trois générations de la famille, un coin cuisine, un coin toilette. Pour certaines d'entre elles, la cuisine se trouve sur la terrasse.
Dans les villages se situant près des villes, les long houses sont alimentées en électricité. Lorsqu'on s'éloigne, elles possèdent des groupes électrogènes qui sont utilisés avec parcimonie car l'essence est chère pour ces populations et l'accès aux long houses est souvent difficile.
Les Bidayuhs aiment beaucoup les animaux.
D'ailleurs, d'une manière générale en Malaisie, nous avons vu énormément de chats bien traités et nourris par la population.
Le bambou est omniprésent dans les constructions. Il sert aussi à la fabrication de meubles, comme ce superbe banc construit avec des bambous de taille respectable.
Après le repas, nous changeons de guide et allons nous promener dans la nature.
Attention à la traversée des ponts, un peu acrobatique parfois. De l'aveu de notre guide, la connaissance de l'assemblage des bambous est en train de se perdre (là-bas aussi, le progrès est loin d'être synonyme d'efficacité !).
Cet arbre est un jacquier. Il s'agit d'un arbre fruitier qui donne des "jackfruits", surnommés les fruits du pauvre. C'est le même genre botanique que l'arbre à pain. Les fruits ont la particularité de pousser directement sur le bois du tronc et des branches. Voici un zoom de la photo précédente, pour mieux les voir....
Le nom français du fruit est "pomme jacque". Il peut peser de 1 à 42 kg. C'est le plus grand fruit issu d'un arbre.
Les deux photos suivantes (que nous avions prises en Inde) vous montrent le détail (et la taille) de ce fruit.
Lorsqu'il est mûr, il a une saveur douce évoquant un mélange d'ananas et de mangue. Le bois du jacquier, de couleur jaune, est utilisé en ébénisterie. Il sert également en Indonésie pour la fabrication d'instruments de musique appelés gamelan.
Les Bidayuhs vivent d'agriculture. Tout autour des long houses, ils entretiennent des jardins potagers agrémentés de plantes fleuries.
Ici, nous voyons un pamplemoussier
Il y a également des bananiers qui poussent un peu de partout
Maintenant que nous sommes entraînés, nous pouvons traverser des ponts au-dessus de l'eau et sans gilet de sauvetage !!!
C'est l'heure du goûter chez notre guide ! Au menu, pamplemousse chinois et délicieuses bananes...
Nous faisons la connaissance de ses trois petits-enfants.
Vous noterez que la maison est construite en dur, qu'il a des meubles et qu'il possède la télévision (donc l'électricité). C'est l'apport du tourisme qui a aidé certains Bidayuhs à améliorer leurs conditions de vie dans ces villages traditionnels.
Nous faisons connaissance également du jeune chiot adopté par la famille
Peinture traditionnelle propre à cette ethnie.
Nous nous remettons en route pour aller voir les plantations de riz. Comme tous les habitants de la forêt, les Bidayuhs pratiquent la culture sur brûlis à la saison sèche, pour replanter ensuite une variété de riz appelée "riz des montagnes", qui n'a pas besoin d'avoir les pieds dans l'eau pour pousser ; seule la mousson l'arrose.
Sur la photo ci-dessous, on aperçoit quelques taches vertes ; c'est le jeune riz qui pointe ses épis.
Malheureusement, ces cultures appauvrissent rapidement les sols et nécessitent l'abandon des parcelles au bout de trois ans, pour abattre et brûler une nouvelle portion de forêt. Cette pratique, vitale pour eux, participe à la déforestation de l'île car les parcelles abandonnées mettent 30 ans à se reconstituer. Cependant, cette destruction reste marginale par rapport à l'exploitation forestière et aux plantations de palmiers à huile. La déforestation de la planète se poursuit tanquillement, malgré les SOS des scientifiques qui constatent la dégradation de l'écosystème de la terre. Concernant Bornéo, les chiffres sont masqués par l'intégration des plantations de palmiers à huile à la forêt d'origine, ce qui donne 85 % de forêt encore vivante sur l'île alors qu'il n'en reste réellement que 5 % qui n'a jamais été brulée sur les 100 % qu'il y avait en 1950. Cela revient à prendre la photo suivante issue du même endroit que les précédentes pour continuer à dormir tranquille pendant la destruction de la nature.
Pour terminer cette journée sur une note positive, nous allons rejoindre les enfants qui se baignent dans les cascades
Sur le chemin du retour, nous passons par la "boutique" (à Bornéo, c'est comme dans les musées, où la sortie se fait toujours en passant par la boutique !). Ceci nous a permis de voir l'artisanat de vannerie traditionnel qui est en voie de disparition côté Malaisie. La plupart des articles présentés proviennent de l'Indonésie voisine.
Tiens, un pont solide qui se traverse sans les mains !
Arrivés à la long house de Saloma...
...où le poivre que son papa cultive est en train de sécher...
...nous constaterons la véracité du proverbe "qui va à la chasse (aux images) perd sa place" (et surtout son lit !)
Comme dans la famille, on ne dérange pas un chat qui dort confortablement installé, nous nous replierons sur la terrasse, après quelques câlins !
Je vous l'avais dit que c'était un article people !!