La forêt primaire de Bornéo... ou ce qu'il en reste !!!
Aujourd'hui c'est M. Cath, le rédacteur en chef de cet article en trois parties (!!), qui vous invite à découvrir la forêt primaire de Bornéo. Je me suis contentée de jouer l'assistante "technique" pour la mise en forme de l'article 😊
Bornéo est la 4ème plus grande île au monde par sa superficie (743 000 km² ) ; elle est donc plus grande que la France continentale (545 000 km² ). Elle est peuplée de 20 millions d'habitants. L'île est partagée en trois : l'Indonésie pour 73% de sa surface, la Malaisie pour 26%, et le sultanat de Brunei pour à peine 1% (5765 km² ).
Avant d'aller plus loin dans ce reportage, il est important que vous vous imprégniez des extraits d'infos ci-dessous, concernant la déforestation d'une île très éloignée qui n'intéresse personne. Nous essaierons à travers cet article de vous faire comprendre que ce qui se passe à l'autre bout du monde touche toute la planète, en modifiant le climat sur toute sa surface. Aujourd'hui, nous constatons les premiers résultats du réchauffement climatique dans notre pays (+5°C quotidiennement depuis 18 mois) ; ceci n'est qu'un début...
"Il y a 50 ans, l’île de Bornéo était considérée comme un havre de paix faisant cohabiter des tribus nomades et des populations conséquentes d’orangs-outans, d’éléphants pygmées et de rhinocéros. Aujourd’hui, les tribus ont perdu leurs traditions et les animaux cités sont tous menacés d’extinction."
"Aujourd’hui, la déforestation est responsable de 20 à 25% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, principales causes du réchauffement de la planète. Plus précisément, la destruction de la forêt tropicale provoque chaque année plus de rejet dans l’atmosphère que l’ensemble du secteur des transports à travers le monde. Dans les pays du Sud - qui déforestent davantage que les pays du Nord depuis 1990 -, 35% des émissions de gaz à effet de serre sont dues au déboisement. Ce chiffre atteint même 65% dans les régions les plus pauvres"
"Quelques 1,6 milliard d’habitants dépendent directement des forêts, et contribuent pourtant à sa raréfaction, voire à sa disparition. Un paradoxe qui tient tant à la pauvreté de populations qui seront les premières victimes de ce phénomène qu’à l’appétit vorace de quelques multinationales peu sourcilleuses quant à l’avenir de la planète. Car l’enjeu est bien là. Le devenir d’une Terre menacée par l’activité de son occupant pourtant le plus intelligent : l’homme.."
Sur Bornéo, seul le sultanat de Brunei a conservé la forêt primaire d'origine présente à 75% de sa surface ; il est donc possible de ne pas détruire la nature. Le sultanat a interdit l'exploitation de la forêt. C'est ainsi que de nombreuses espèces d'animaux endémiques et rares subsistent dans ses forêts : singe nasique, civette-loutre, chat à tête plate, ours des cocotiers, pygargue, écureuil géant, chat marbré, cigogne, chat bai, varan, calao, gibbon, pangolin, panthère nébuleuse, auxquels il faut rajouter 3000 espèces de papillons.
La déforestation en cours côtés malaisien et indonésien aurait pu donc être évitée ou maîtrisée ; ce n'est pas le cas puisque aujourd'hui c'est l'équivalent de 6 terrains de football qui disparaissent chaque minute rien que du côté Indonésien !!!
A cause des gouverneurs locaux corrompus, Bornéo connaît le taux de déforestation le plus fort au monde (40% des zones protégées sont détruites).
La destruction massive de la forêt par le feu entraîne la disparition des espèces animales et végétales et occasionne un relarguage énorme de CO2 dans l'air. Cette info n'est que l'écran de fumée des dommages de ces incendies puisqu'ils détruisent également les immenses tourbières logées au coeur de la forêt, qui continuent à brûler en profondeur même à la saison des pluies ! Et c'est là que, malgré les 11000 km qui nous séparent, nous sommes concernés par ces conséquences. Ces sols tourbeux font parties des "puits de carbone" qui captent et stockent le CO2 ; ils participent au même titre que les océans à l'équilibre du cycle du carbone de la planète.
L'île possède un climat humide tout au long de l'année avec de fortes pluies (entre 2 et 4 mètres de pluie par an). La chaleur extrême régnant dans la forêt (38°C avec un taux d'humidité de 95%) contribue à créer un univers unique avec une biodiversité des plus riches.
Une partie des espèces végétales et quelques espèces animales sont encore à découvrir. Depuis 1995, 600 espèces inconnues ont été inventoriées !!! On peut trouver une soixantaine de plantes carnivores parmi les 6000 plantes endémiques de l'île.
La jungle n'est pas sans dangers...
Il y a des fourmis géantes,
et des mille-pattes au venin toxique.
Il ne faut jamais poser les mains sur les végétaux car les risques sont omniprésents ...
...ceci permettra d'éviter la vipère verte (Wagler's pit viper) qui a pour tactique de se confondre avec la végétation et de rester immobile jusqu'à ce qu'une proie ou une main humaine l'approche ; sa morsure est mortelle !!!
Pour la découvrir de manière sécuritive et instructive, nous avons visité deux parc naturels et un centre de réhabilitation des orangs outans encadrés par des guides locaux et des rangers.
Nous avons également descendu la rivière Sungai Sarawak Kiri en kayak, au cœur de la forêt tropicale équatoriale du Sarawak, empruntant ce qui était, il n’y a encore pas si longtemps, la principale voie de transport pour les tribus Dayak de la région.
Nous allons embarquer aujourd'hui pour le parc national de Tanjung Datu, accessible plus facilement en bateau que par la piste défoncée qui y mène. Notez que nous emmenons les provisions pour que notre guide nous concocte de bons plats typiques. En effet, dans le parc, à part un bâtiment qui abrite les chambres des visiteurs et des rangers, il n'y a pas un "troquet ni une mobylette ".
Nous faisons escale pour le déjeuner dans un petit village de pêcheurs.
Où les noix de coco sèchent au soleil...
...de même que le poivre.
C'était aussi la fashion week à Bornéo !
La plage y est encore sauvage, comme elles l'étaient toutes avant l'arrivée de "l'homo promotorus", qui a défiguré quasiment tous les littoraux de la planète.
Nous faisons de nouveau connaissance avec un chat...
...qui nous aide à finir les poissons !
Chemin faisant, nous découvrons une jolie plage individuelle bordée par la jungle tropicale.
Nous arrivons en vue du parc.
Il s’agit d’un des plus petits parcs nationaux du Sarawak (14km²) mais aussi un des plus beaux offrant une forêt tropicale luxuriante et de magnifiques plages de sable blanc.
La plage en bordure du parc est un lieu de ponte des tortues marines qui viennent enterrer leurs oeufs pendant la nuit. Les rangers en poste dans le parc transfèrent ensuite ces oeufs dans des enclos protégés des prédateurs, jusqu'a l'éclosion des bébés tortues qui sont libérés directement dans la mer pour leur éviter d'être mangés par les oiseaux. Malheureusement, depuis quelques mois, les tortues qui fréquentent la plage ne pondent plus d'oeufs. Pour l'instant aucune explication à ce phénomène tout nouveau n'a été trouvée !!!
Après une baignade seuls au monde sur une belle plage de sable blanc, nous passons notre 1ère nuit au milieu des cris d'animaux et du ressac de la mer de Chine.
Aujourd'hui, nous partons en promenade dans la jungle avec notre guide. La forêt primaire est apparue il y a 30 millions d'années. Plusieurs types de forêt cohabitent en fonction de l'altitude, de la proximité de la mer ou de fleuves. Au coeur de ces forêts, les arbres les plus grands culminent à 60 mètres de hauteur pour former une canopée ; il s'agit de la famille des diptérocarpes.
Un seul de leur tronc peut abriter 1000 espèces d'insectes.
Les parcours de trek dans la forêt sont balisés très régulièrement car la végétation sous les arbres pousse très vite et peut effacer rapidement les itinéraires tracés à coup de machette par les rangers.
Il est très difficile d'apercevoir des animaux au milieu de cette végétation, d'autant plus qu'ils nous repèrent bien avant que nous ne les approchions. Par contre, la forêt est peuplée de leurs cris assez impressionnants. Sur la vidéo suivante, vous pouvez entendre des gibbons qui se nourrissent au sommet d'arbres fruitiers ; nous ne les verrons pas car ils se tiennent dans la canopée à l'abri des feuilles.
Sur cette seconde vidéo, nous allons progresser dans la jungle aux sons des animaux qui la peuplent. Vous avez de la chance, car vous serez à l'abri du phénomène qui nous a le plus impressionnés : l'augmentation de température instantanée dès que l'on pénètre sous les arbres. A tel point que l'on se retrouve en nage très rapidement !!!
Ce soir, il est prévu une balade de nuit au milieu des arbres pour essayer d'apercevoir des animaux nocturnes. Nous verrons des civettes, des yeux qui se déplacent autour de nous sans identifier leur propriétaire et des caméléons. Un d'entre eux s'est laissé convaincre de faire une "pose "dans son repas (les feuilles tout autour de lui) pour une photo éclairée à la lampe de poche.
Pour la deuxième partie de ce reportage, nous nous rendrons dans le parc national de Bako où nous verrons une flore différente et des animaux de taille un peu plus conséquente. Rendez-vous la semaine prochaine !