Nous vous emmenons visiter aujourd'hui une haveli où un énorme travail de restauration a été mené par une artiste peintre française et ses fils. Un de ses fils, présent le jour de notre visite, nous a parlé des différentes étapes de remises en état, avec à chaque fois des difficultés importantes. Tout d'abord, tous les métiers mis en avant dans les havelis n'existent plus localement. Il a donc fallu contacter des maharadjahs qui employaient ces artisans pour la rénovation de leur palais dans des grandes villes afin de trouver des personnes susceptibles de les aider. Ensuite, plusieurs tentatives de réfection de l'enduit recouvrant les briques des murs se sont soldées par un échec. Aucun enduit ne tenait ! Il a donc été nécessaire de retrouver la composition de l'enduit traditionnel originel, fait d'un mélange de poudre de marbre, de beurre et de poussière de coquillages !!! Enfin, afin de respecter les couleurs d'origine des fresques (notamment le bleu qui est la couleur dominante), il a fallu retrouver les recettes ancestrales des préparations à base d'ingrédients naturels tels que l'indigo. Bien sûr, le chantier de rénovation d'une haveli de taille assez conséquente nécessite beaucoup de temps et d'argent !
Cette haveli a été construite en 1802, elle fait donc partie des constructions de ce type les plus anciennes. Elle a été achetée en 1998. Elle était habitée par une gardienne avec ses chèvres et des milliers de pigeons. Bien entendu, elle n'avait ni eau courante ni électricité. Pour passer les câbles et les collecteurs nécessaires à ces alimentations il a fallu surveiller de près le chantier, les indiens ne se posant pas trop de questions au sujet du résultat esthétique de l'opération ou de la préservation des fresques murales.
Nous allons franchir la porte d'entrée encadrée par deux éléphants qui souhaitent la bienvenue aux visiteurs (c'est une constante dans toutes les havelis).
Nous pénétrons dans la première cour, chargée d'impressionner les clients.
Nous retrouvons le thème des éléphants tout autour des fenêtres.
Toutes les portes menant aux pièces qui bordent cette cour sont mises en valeur par de magnifiques fresques.
Sur la photo ci-dessus, vous pouvez voir que la partie basse des fresques a disparu. Ceci est dû à la montée des eaux pendant la mousson. Le niveau d'eau dans le quartier peut atteindre un mètre et l'eau de la rue passe donc par dessus les deux marches d'escalier de la porte principale. Ces inondations à répétition sont causées par les déchets plastiques jetés n'importe où dans les rues de la ville et qui, avec le temps, sont enfouis dans le sol. Ils forment des membranes imperméables qui empêchent l'eau de pénétrer plus profondément dans la terre.
La pièce qui servait de lieu de négociation au marchand d'opium originel est superbement décorée.
Les boiseries d'origine, très bien conservées car abritées des intempéries, ont juste nécessité un bon nettoyage.
Nous allons maintenant franchir la porte d'accès à la seconde cour.
Celle ci est beaucoup plus grande que la première car c'est ici que vivait la famille entière sur deux générations.
Bien que les motifs soient plus simples que dans la première cour, elle est très joliment décorée.
Vous pouvez voir sur ces photos que les portes sont toutes différentes ; à l'époque, le sens du détail était important !
Maintenant nous allons monter à l'étage...
...dont les fresques sont en attente de rafraîchissement.
D'ici, la vue sur la cour familiale est impressionnante.
Le propriétaire dormait à ce niveau dans une pièce assez petite et dénuée de décorations tout simplement parce que le paraitre était bien plus important que le plaisir personnel. Cette pièce donne sur la première cour pour détecter l'arrivée de clients éventuels.
A mesure que l'on avance dans la maison, les fresques deviennent de plus en plus simples.
Nous longeons le mur du bâtiment principal, bordé de terrasses annexes. La bande dessinée continue ; elle est mise en valeur par la végétation en fleurs.
Vous noterez que toute la hauteur de la façade est entièrement décorée de fresques.
Les propriétaires actuels ont créé un petit havre de paix entre le bâtiment principal et le caravansérail qui lui succède.
Vous avez maintenant une idée plus précise de la beauté de ces constructions qui, pour la plupart, se trouvent malheureusement dans de petites villes entièrement dénuées de charme. Il est dommage que cette architecture ne soit pas mise suffisamment en lumière car elle pourrait être une attraction touristique de premier plan pour cette région tombée dans l'oubli.