Jodhpur - La forteresse de Mehrangarh (suite et fin)
Nous montons à l'étage pour découvrir "Sheesh mahal" ou palais des glaces qui associe sur ses murs des miniatures avec des mosaïques de miroirs et de verre coloré. C'est un exemple de style ornemental "indo-persan".
Puis nous montons encore un étage pour rejoindre le "Phool mahal" qui est le palais des fleurs, construit au 18ème siècle. Il était utilisé comme "diwan-i-khas", une salle que l'on retrouve dans tous les palais du Rajasthan. Il s'agit de la salle des audiences privées, utilisée pour les réceptions et les spectacles de danse. Les murs et les colonnes sont revêtus de peinture d'or. Cette salle est l'oeuvre d'un seul artiste qui mourut avant de l'avoir finie. Par respect pour lui, elle n'a jamais été achevée !
Nous voici maintenant dans le "Takhat vilas", la chambre à coucher du Maharadjah Takhat sing. Elle date du début du 19ème siècle. Ses murs sont incrustés de miroirs, gravures, fresques qui représentent des scènes de chasse, des légendes et des mythes. Ses vitres sont remplacées par des vitraux colorés. Son plafond tout en bois a été décoré de boules de Noël dans les années 30.
Elle possède une jolie porte
Nous rejoignons "Jhanki mahal", le palais des coups d'oeil. C'est d'ici que les femmes pouvaient observer les deux cours de part et d'autre de ce palais. Une de ces cours était d'ailleurs réservée aux femmes qui étaient gardées par des eunuques. La salle abrite aujourd'hui une collection de berceaux royaux.
Les nombreux couloirs que nous avons empruntés pour déambuler dans les différents palais de la forteresse possèdent des plafonds ornés de fresques toutes différentes.
Nous redescendons pour admirer "Moti mahal", le palais de la perle qui était la salle d'audience officielle. Il a été bâti au 16ème siècle.
Son plafond, revêtu d'une mosaïque de miroirs sertis d'or, brillait de mille feux à l'époque. En effet, les trois rangées de niches situées dans les murs étaient garnies de lampes à huile dont les flammes se reflétaient sur les murs polis et dans les miroirs du plafond. Quarante kilos d'or pur ont été utilisés pour le plafond !!! Les alcôves en haut de la pièce permettaient aux femmes d'écouter les audiences sans être vues.
Un trône en bois doré permettait au Maharadjah de dominer les débats.
Avant de ressortir des bâtiments, il ne faut pas manquer la boutique très chic de la forteresse. Celle-ci, en plus de présenter de superbes objets, est située dans des pièces magnifiques d'un des palais.
Dans l'enceinte, des vendeurs de souvenirs rappellent que les plus renommés des montreurs de marionnettes du Rajasthan sont issus de Jodhpur.
Pour sortir de la forteresse, nous passerons par la porte de fer (Loha pol) datant du 15ème siècle. Sur le mur de celle-ci figurent les empreintes symboliques d'une quinzaine de Maharanis de Jodhpur qui, pour respecter la tradition, s'immolèrent sur le bûcher funéraire de leur époux.
Les veuves avaient pour nom "sati". A partir de l'an 500, elles étaient soumises à la coutume dite de "la femme fidèle". Pour conserver cette fidélité , les femmes devaient pénétrer volontairement dans le bûcher de leur mari et être emportée par les flammes avec lui. Dans le cas où elles refusaient cette coutume, elles étaient exclues de la société. Cette tradition a été interdite par les colonisateurs britanniques en 1829.
De tout temps en Inde la condition de la femme a été catastrophique ; ceci perdure malheureusement encore aujourd'hui. C'est ainsi qu'en 1987 il a fallu créer une nouvelle loi ainsi qu'une commission de surveillance de la "sati" suite à une immolation d'une jeune femme de 18 ans dans le bûcher de son mari. Plusieurs milliers de personnes, après avoir assisté à la cérémonie, ont salué "une mère pure" qu'ils ont vénérée au point de transformer le lieu du bûcher en lieu de pèlerinage.
En 2000, il y avait encore 5000 décès par an suite au système de dot. Au moment du mariage, la famille de l'épouse fait une promesse de dot en général très importante qui sera payée à la famille de l'époux en plusieurs traites. Si le paiement prend un peu de retard ou si tout simplement la famille de l'époux décide d'un nouveau mariage pour encaisser une seconde dot, la première femme est assassinée. En général, cela se traduit par un "feu de cuisine" (bride burning), les saris arrosés d'essence étant utilisés comme combustible. Cette tradition de la dot a été interdite en 1961 ; malgré cela, les meurtres continuent de nos jours.