Birmanie
Pour faire une pause dans les préparatifs de Noël, et avant de vous parler plus en détails de notre voyage, nous avons souhaité vous donner quelques précisions sur la situation en Birmanie.
Les médias occidentaux se sont appliqués dernièrement à démolir Aung San Suu Kyi pour son absence d'intervention dans la crise des Rohingya. Pour commencer, si la situation du pays vous intéresse, nous vous invitons à lire cet article en provenance du blog de Mediapart (journal indépendant qui donne bizarrement des infos souvent en opposition avec les médias classiques français, dont la spécialité est devenue la désinformation et la mise en place d'écrans de fumée pour masquer la réalité). Il met en avant les tenants et les aboutissants de cette crise, téléguidée et financée, entre autres, par les États-Unis (ce "grand" pays dirigé en sous-main par les industriels du pétrole et des armes, à qui nous devons l'état actuel de notre planète). Cette crise est d'ailleurs mise à profit par les généraux birmans afin de désavouer Aung San Suu Kyi dont ils aimeraient bien se débarrasser (voir cet article).
Lors de notre voyage en Birmanie, grâce à nos guides locaux, nous avons pu discuter avec les habitants de la situation de leur pays. Nous avons ainsi constaté les avancées mises en place par The Lady depuis deux ans : gratuité de l'école primaire (sous la junte militaire, tous les cycles scolaires étaient payants, afin que seuls les enfants gravitant autour du régime puissent s'instruire), possibilité d'obtenir un passeport rapidement (et à moindre coût) pour voyager à l'étranger (chose bien sur impossible avant), liberté d'expression accrue vis à vis de la politique du pays (violemment réprimée par la junte auparavant). Bien sur, il y a encore énormément de progrès à faire car la junte, de l'avis des birmans, a mis le pays à genoux. Pour donner un exemple parmi tant d'autres, les diplômes de médecins s'échangeaient auparavant contre quelques milliers de dollars uniquement aux personnes en accord avec le régime, sans que leur compétence médicale n'entre en jeu. Cela a donné naissance à une génération entière de médecins virtuels qui sévissent dans les hôpitaux publics (les "vrais" médecins étant dans les cliniques privées bien trop chères pour le peuple Birman).
Le pays est aussi soumis à une corruption impressionnante ; tout peut s'acheter à coups de milliers de dollars.
Aung San Suu Kyi a donc du pain sur la planche et son éviction remettrait tout à zéro. Les Birmans en sont parfaitement conscients ; c'est pourquoi nous avons constaté à plusieurs reprises qu'ils seraient prêts à donner leur vie ainsi que celle de leur famille pour aider The Lady à rester au gouvernement.
La junte militaire, dont la plupart des généraux sont toujours en place malgré la victoire du partie démocratique (National League for Democracy) aux dernières élections, a toujours traqué les minorités ethniques pour les chasser vers les pays frontaliers, afin de s'approprier leurs terres et les richesses de leurs sous-sols (mines de pierres précieuses entre autres ; voir cet article ou celui-ci ) sans être jamais inquiétée pour les massacres, viols et autres infamies perpétrés tout au long de cette dictature.
Il faut rappeler également qu'à partir d'août 2007, suite à des manifestations pacifiques de civils et de bonzes birmans dans les rues de Rangoon (alors capitale) qui dénonçaient les augmentations du prix du riz et des différentes énergies, la dictature militaire a tiré à balles réelles sur les manifestants, puis a massacré des bonzes en les poursuivant jusque dans les monastères. Bizarrement, cet épisode, dont nous avons eu la confirmation lors de notre voyage, a été complètement passé sous silence par les médias occidentaux, alors qu'il s'agit d'un crime contre l'humanité le plus lâche qui soit (massacre de gens totalement désarmés et, de plus, symboles de la religion de ce pays). Cet article de Wikipedia sur la "Révolution Safran" ne concède que 4 morts lors de cette répression. A l'époque, nous revenions de notre premier voyage en Birmanie et avions prêté toutes nos oreilles à cet événement. Quelques infos arrivaient jusqu'à nous via internet, faisant état de rafales d'armes automatiques la nuit dans les monastères (voir cet article beaucoup plus proche de la vérité).
Il ne faut donc pas se tromper de coupable et ne pas faire retomber sur les frêles épaules de The Lady les exactions de criminels en uniforme qui restent à ce jour totalement impunis (comme d'ailleurs la majorité de leurs semblables à travers cette meveilleuse planète...) car soutenus par les différentes multinationales ayant des intérets dans ce pays.